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ACTU


Le DVD de la pièce de Laurent RUQUIER est toujours disponible, vous pourrez découvrir Pierre BENICHOU faire ses débuts sur les planches.
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Pierre est un chroniqueur régulier de Laurent RUQUIER vous pouvez le retrouver à la  radio sur Europe 1 dans "ON VA S'GENER" du lundi au vendredi de 16h00 à 18h.

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Vous pouvez écouter ou ré- écouter "On va s'gêner" grâce à la  PODCAST sur

www.europe1.fr


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Retrouvez Pierre périodiquement dans la nouvelle émission de Laurent Ruquier sur France 2

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21 février 2006 2 21 /02 /février /2006 14:41

Article provenant du site:www.cinetelerevue.be / Merci à Rémy (webmaster de onatoutessaye.com ) !

A savoir que ce document n'est pas récent.

PIERRE BENICHOU: LE « FRÈRE ENNEMI » DE PHILIPPE GELUCK

Reportage et interview : Bernard Alès

GRÂCE À SON ESPRIT DE CONTRADICTION, LEUR TANDEM FAIT MERVEILLE. LE JOURNALISTE A D’AUTRES PROJETS

Journaliste dans la presse écrite depuis quarante-six ans (il y a débuté à l’âge de 19 ans), Pierre Bénichou a travaillé successivement à « France-Soir », « Paris jour », « Jours de France », avant d’intégrer l’équipe du « Nouvel Observateur ». Après en avoir été le rédacteur en chef, il y est aujourd’hui directeur délégué. Ses premiers pas à la radio, il les a faits aux « Grosses Têtes » de Philippe Bouvard, pressé d’y participer par quelques amis, dont Jean Yanne et Jacques Martin, qui ne doutaient pas que sa faconde s’inscrirait parfaitement dans l’esprit de l’émission. C’est ainsi que, quelque temps plus tard, Laurent Ruquier l’invitait à venir rejoindre son équipe sur Europe 1. Il ne manquait plus à Pierre Bénichou que de s’essayer à la télévision. C’est aujourd’hui chose faite. Séduit par son esprit « poil à gratter » sans concession, mais teinté d’humour, Michel Drucker en a fait l’un des chroniqueurs de « Vivement dimanche prochain ». Le tandem qu’il forme avec Philippe Geluck fait penser aux « Frères ennemis ». Mais, paradoxalement, plus ces deux-là s’envoient des vacheries sur le plateau, plus leur amitié se renforce.


— Vous pouvez être fier de votre parcours dans la presse écrite. Pourquoi, la soixantaine venue, devenir chroniqueur à la télé et à la radio? Quel a été l’élément déclencheur?
— J’ai toujours été quelqu’un d’assez sociable, qui possède une certaine faconde et fait rire ses copains. Tout a commencé avec « Les Grosses Têtes ». Mes potes — Jacques Martin, Jean Yanne, Carlos — qui participaient à l’émission me disaient souvent : « Viens avec nous! » Mais, étant depuis très longtemps rédacteur en chef d’un journal sérieux, je n’osais pas. Il se trouve qu’en prenant de l’âge, on se fout un peu du qu’en-dira-t-on.


— Parce qu’on a fait ses preuves?
— On devient surtout plus irrespectueux. J’ai donc accepté l’invitation de Bouvard et cela a fonctionné. Puis, il a été viré de RTL, une émission similaire est née chez Ruquier — où Bouvard est d’ailleurs allé — et, là encore, j’ai relevé le défi.


— Qu’est-ce qui vous a fait franchir le pas vers le petit écran?
— J’ai été très content d’aller chez Drucker, parce que l’équipe présentait deux personnes atypiques. Un psychanalyste, Gérard Miller, et un dessinateur belge, Philippe Geluck. Leur forme d’humour était un peu celle qui peut fleurir chez soi, à la fin d’un dîner, ou dans les bars. Si bien que lorsque Drucker m’a appelé, j’ai couru.


— Etant donné vos fonctions au « Nouvel Obs », n’avez-vous pas l’impression de faire le grand écart?
— Pas vraiment car, à l’intérieur même de ce magazine (il est vrai très sérieux), j’ai toujours été quelqu’un de non-conformiste. J’ai toujours privilégié l’humour et l’autodérision. Les gens qui travaillent avec moi ne sont pas du tout étonnés puisqu’à mon bureau et aux conférences, je suis à peu près dans le même état d’esprit qu’à la télé. Ce qui ne m’empêche pas de travailler en m’appliquant et d’avoir des idées politiques. Je ne suis pas pour le décorum du sérieux. Il existe des clowns tristes et des personnes sérieuses qui font les pitres. J’appartiens plutôt à la deuxième catégorie. Si on grattait le nez de tas de gens, il deviendrait rouge. Pourtant, ils affichent un grand sérieux. C’est, en général, ce que j’appelle « les cons ». J’espère être le contraire!


— Quelles ont été les réactions de votre rédaction en vous voyant à la télé?
— Le « Nouvel Obs » est un magazine d’amis. Loin d’être opposés à l’idée, ils l’ont accueillie favorablement. Il faut dire que le fait d’être présent à la télé donne une petite notoriété, ridicule, mais indéniable et, en définitive, pas mauvaise pour nous. « Le Nouvel Obs » a longtemps été considéré — à juste titre — comme le journal de la gauche qui pense. Au fur et à mesure qu’il s’est développé, il a touché un public beaucoup plus large. Maintenant, nous n’aurions qu’à souffrir d’une image trop sérieuse.


— Avec Drucker et Ruquier, on pourrait penser que vous vous complaisez dans le genre populaire. Mais on vous a vu, l’autre soir, sur France 3, vous opposer à Régis Debray dans l’émission de Franz-Olivier Giesbert, sur le thème des religions...
— J’essaie toujours d’alterner les émissions drôles et celles sérieuses. Dans le cas que vous citez, je suis d’accord pour dire que le phénomène religieux existe et qu’il faut prendre en compte ce besoin de transcendance. Mais prétendre que c’est dans la nature même de l’homme et que nous allons donc l’enseigner à l’école, non. Faut-il donc effacer cent ans de laïcité parce qu’il y a quelques fanatiques dans le monde? A partir de là, ils se foutent tout de suite la gueule dans le foulard. Si on répond oui, on ne peut plus rien interdire, y compris le voile. On va arriver à quoi? A des communautarismes. C’est épouvantable.


— Sur le plateau, vous étiez seul contre tous.
— Absolument, parce qu’on assiste à un abrutissement ambiant. Aujourd’hui, on dit : « Ah oui, on revient à la religion! » Or, tout ce qui a été fait de bon et de fort depuis cent ans dans le monde, c’est-à-dire aller vers plus d’égalité, plus de liberté et moins d’interdits, l’a été contre cette église, cette synagogue ou cette mosquée « propriétaire des âmes »... Ce que je reproche le plus à la religion, c’est d’endoctriner pour perpétuer l’injustice.


— Etre « seul contre tous » n’est pas pour vous déplaire?
— Ça ne me fait pas peur, dès lors qu’il s’agit de sujets pour lesquels je suis un peu armé et j’ai des convictions. Là, ils peuvent être quarante contradicteurs. On défend bien ce en quoi on croit!


— Qu’est-ce que la popularité due à la télévision vous a apporté?
— Les six premiers mois, quand on commence à vous reconnaître dans la rue, on vous demande des autographes. C’est marrant! Une fois la première surprise et les bonheurs passés, qu’une fille vous a souri et que vous avez pensé « Putain, que je suis beau mec! », vous n’y prêtez plus beaucoup d’attention. Il paraît que lorsque cela s’arrête, on en devient malade...


— Mais que cela a-t-il apporté au journaliste que vous êtes?
— Rien, si ce n’est une grande humilité par rapport à ma propre image. Je suis journaliste depuis mes 19 ans et sur les ondes depuis sept ans. J’avais une petite appréhension envers la radio. Je n’en ai plus aucune aujourd’hui. Je m’y rends comme je vais chez le crémier. En revanche, passer à la télé provoque une angoisse, un véritable trac. On ne s’habitue jamais à son image.


— Vous êtes coquet?
— On l’est tous. Quand on se voit à l’écran, on se dit : « Je suis moche, j’ai les yeux cernés, je suis mal maquillé! Pourquoi m’a-t-on filmé sous cet angle-là? On voit que je suis chauve! » Même les hommes politiques deviennent fous. Regardez Mitterrand, Chirac, pour ne parler que des plus importants. Pour moi, c’est à chaque fois une véritable épreuve. Qu’il s’agisse d’une émission où on parle de l’avenir des retraites ou d'un débat sur le thème « Dieu est-il fanatique? » ou « Quel est le secret de votre bonheur », c’est la même chose. On trouve qu’on sourit trop, qu’on a l’air trop sérieux ou que les sourcils sont trop foncés. Et puis, il y a une telle injustice entre ceux qui « passent bien » à la télé et les autres. Est-ce que Proust, Staline, Chaplin auraient été bons à la télé? Ce n’est pas sûr. Et Freud? Einstein? Picasso? Oui, ils auraient été bons partout. Mais quand on voit Sartre à l’écran, on ne remarque plus que sa laideur.


— Maintenant que Gérard Miller est parti, êtes-vous heureux d’incarner la contestation dans « Vivement dimanche prochain »?
— Je ne suis pas un contestataire professionnel. Je dis ce que je pense et Drucker n'exerce aucune censure. J’attaque aussi bien Chevènement, à qui j’ai demandé « Vous rendez-vous compte que vous allez faire perdre la gauche? », que Sarkozy. Je suis plus critique que contestataire. Rien n’est pire que ceux qui passent la brosse à reluire à longueur de temps. On n’est pas là pour mettre les invités en pièces. Les politiques ont la particularité de vouloir changer la façon de vivre des autres, la réglementer. Donc, lorsqu’on les reçoit, on est un peu obligé de se faire l’interprète de tous ceux qui les contestent. Ainsi, quand on questionne Noël Mamère, on peut lui dire : « C’est bien beau votre écologie, mais comment mangeront les pauvres le jour où il n’y aura plus que de l’agriculture bio? Vous croyez défendre la gauche, mais le bio est plus cher et il n’y en aura pas pour tout le monde! » Ce qui sauve l’émission, à mon avis, c’est que, même si elle est favorable à l’invité, on peut lui parler très franchement. On peut dire à un ministre de l’Intérieur énergique : « Attention à la dérive! Vous voulez faire comme aux Etats-Unis, où il y a un million de gens en prison? »


— Pensez-vous que Gérard Miller a quitté l’émission parce que, lui, c’est un vrai contestataire?
— Non, je crois qu’il y a eu un différend personnel entre Drucker et lui, mais ce n’est pas à moi d’en parler.


— Vous n’êtes pas contre le fait de servir de poil à gratter?
— Je n’y pense jamais. Je ne me dis jamais : « Je vais faire celui qui dit que... parce que cela va bien les faire chier. » Non, c’est ma personnalité. La discussion n’est intéressante que lorsque des points de vue s’affrontent. Si vous dites « contestataire, poil à gratter », je vous réponds non, mais « esprit de contradiction », je vous l’accorde et je le revendique, sans en être très fier. C’est l’habitude des discussions dans les cafés du Quartier latin.


— Vous préférez fréquenter vos adversaires plutôt que ceux qui pensent comme vous?
— En tout cas, j’apprécie davantage avoir un échange avec eux, avoir quelqu’un à convaincre.


— Vous souvenez-vous d’une vraie friction avec l’un des invités?
— Non, ce n’est pas un lieu d’affrontement, mais j’en ai eu des tas dans d’autres émissions. Il faut dire que j’ai fait mes armes chez Michel Polac. Son « Droit de réponse », c’était plutôt un droit de bagarre. Et c’était formidable!


— La bagarre pour la bagarre n’est-elle pas un peu stérile?
— C’est vrai qu’on en fait un peu trop usage à la télévision.


— Fogiel n’est pas votre idole?
— Non, je n’ai pas d’idole, mais son émission est très bonne, on ne peut pas dire le contraire. Pourquoi? Parce qu’il s’y passe quelque chose. Concernant « Vivement dimanche prochain », il ne faut pas oublier que c’est un spectacle. Il convient d’être pertinent et, surtout, drôle. Quand on fait de l’esprit et que cela tombe à plat — cela m’arrive — c’est absolument affreux. Quand on dit quelque chose à un invité, qu’on pense qu’il va sourire et qu’il vous répond « Mais, monsieur, comment pouvez-vous me dire ça? », c’est assez terrible. A ce moment-là, on se sent obligé de sortir cette phrase atroce : « Non, je plaisantais. » Ce qui est un aveu de nullité scénique.


— Lorsque vous avez croisé Jean-Marie Messier, en avez-vous profité pour lui demander comment faire fructifier vos économies?
— Je n’ai pas d’économies, je n’ai rien à moi. Je loue un appartement qui est un peu trop cher pour mes moyens. C’est pourquoi j’ai toujours besoin de gagner de l’argent ailleurs!


— C’est votre maîtresse, en quelque sorte...
— C’est une sorte de maîtresse qui, en prenant de l’âge, coûte toujours le même prix. (Rires.) Si j’avais croisé Messier, je lui aurais plutôt dit : « Passe-moi dix sacs! » Mais je n’en ai pas eu l’occasion, car, lorsqu’il est passé dans l'émission de Drucker, je ne faisais pas encore partie de l’équipe.


— Parmi les jolies femmes que vous avez interviewées sur le plateau, laquelle vous a le plus séduit?
— Carla Bruni est d’une beauté, d’une telle classe... Elle a le premier prix en tout. Mais il y a des femmes moins jolies, moins parfaites, qui me plaisent beaucoup.


— Devant une belle femme, vous êtes conquérant ou vous restez bouche bée?
— Comme elle veut! On peut faire les deux.


— Avec Philippe Geluck, vous avez un peu recréé le tandem des « Frères ennemis », non?
— (Rires.) J’ai beaucoup d’amitié pour lui et j’ai une certaine admiration pour son talent multiforme. C’est un ancien comédien, ne l’oublions pas. Il a le génie du sketch, du mot, et c’est un dessinateur célèbre dans le monde entier. Il est d’une grande fraîcheur, il est fou de joie en voyant tout ce qui lui arrive. C’est vraiment quelqu’un de très bien. Je suis heureux qu’il soit là. Nous rions beaucoup ensemble.


— Récemment, il a tourné en dérision vos hésitations. Il peut tout vous infliger, vous ne lui en voudrez jamais?
— Qu’il essaie, il va voir sa gueule... (Rires.) Bien sûr, mais il prend des risques. Je n’étais pas prévenu de la supercherie. Finalement, c’est flatteur qu’on se moque de vous. Il y a vraiment une très bonne ambiance sur le plateau, tout est pour le mieux et, en même temps, c’est terriblement stressant, parce que c’est la télé.


— Apparemment, les « méchants » comme vous ou comme Gérard Miller n’ont pas réussi à déteindre sur le gentil Drucker...
— Il mérite le nom de M. Loyal. Il choisit ses invités, ses chroniqueurs, certains contestataires, comme Miller, d’autres impertinents, comme Nathalie Corré ou Bruno Masure. Une fois que tout ce monde est sur le plateau, il joue son rôle. Il n’a pas à mettre du poil à gratter, il a quelqu’un pour le faire. Il est le patron du bistrot.


— J’évoquais votre côté « Frères ennemis » avec Geluck. On vous attend au café-théâtre avant Bercy!
— Je serais bien incapable de monter sur une scène. J’ai failli jouer dans la pièce de Ruquier en alternance avec Miller. J’aurais trop le trac. Je n’ai pas un très bon rapport avec mon physique. Je me contente des discussions de café. Ce n’est déjà pas si mal.


— Et dans vos rêves les plus fous, vous vous trouvez devant une salle comble qui réagit favorablement?
— Bien sûr! Qui n’a pas envie d’être Yves Montand? Ce serait ridicule, à mon âge, mais c’est vrai que le métier de comédien me fascine.


— La popularité aide-t-elle à draguer?
— Bien sûr, pour les jeunes qui ne sont pas mariés, cela les aiderait vachement! (S’adressant à son épouse.) Est-ce que ma réponse te va?


— Toutes ces sollicitations que vous refusez par amour, c’est beau!
— Mais non, comment pouvez-vous penser qu’on va solliciter un vieux schnock comme moi?


— Rêvez-vous d’une émission bien à vous?
— A vrai dire, j’ai un projet. Cela ne sert à rien de rêver, il faut qu’on vous trouve une place et il y a tellement de très vieux mecs qui sont là. Vous voulez que je vous donne des noms?


— Bien sûr.

— Ruquier et Drucker! (Rires.

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