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ACTU


Le DVD de la pièce de Laurent RUQUIER est toujours disponible, vous pourrez découvrir Pierre BENICHOU faire ses débuts sur les planches.
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Pierre est un chroniqueur régulier de Laurent RUQUIER vous pouvez le retrouver à la  radio sur Europe 1 dans "ON VA S'GENER" du lundi au vendredi de 16h00 à 18h.

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Vous pouvez écouter ou ré- écouter "On va s'gêner" grâce à la  PODCAST sur

www.europe1.fr


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Retrouvez Pierre périodiquement dans la nouvelle émission de Laurent Ruquier sur France 2

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5 mai 2006 5 05 /05 /mai /2006 12:58
Le Nouvel Observateur, 15.2. 2001 Deux ou trois choses que je sais de Serge... Au lendemain de la mort de Serge Gainsbourg, « l'Obs » publiait sous le titre « la Passion Gainsbourg » ce portrait souvenir d'un ami. Extraits Ca commence où, la vie d'un homme ? Peut-être là, au coin de la rue d'Amsterdam et de la place Clichy, à 5 heures du matin. Il a déjà 17 ans. Paris n'est libéré que depuis quelques mois. Son père marche à côté de lui, épuisé par une nuit à tapoter « la Comparsita » et « Tea for two » pour les clients du Monseigneur. Ils vont tourner à droite, vers Pigalle, pour rejoindre la rue Chaptal, où ils habitent. Joseph Ginzburg, né à Odessa, immigré à Paris après un crochet par Constantinople, est un musicien classique reconverti en pianiste « d'ambiance ». L'après-midi, quand il se réveille, il fait travailler Bach, Scarlatti et Chopin à son fils. Celui-ci mettra quarante ans à avouer qu'il avait envie de lui embrasser les mains pour effacer l'injustice faite à ce concertiste déchu. Qu'il n'était pas vraiment révolté mais que, chaque dimanche matin où il allait chercher son père, pendant la marche silencieuse vers la maison, il se jurait que jamais il ne ferait ce métier. D'ailleurs, il étudie la peinture à la Grande Chaumière. Il sera Cézanne ou rien... Ça aurait pu... Une chance sur un milliard, après tout, c'est jouable. Il y croira pendant plus de dix ans, de l'atelier d'André Lhote à celui de Fernand Léger, d'espoirs déçus en repas sautés... Jusqu'au jour où, grâce à ses relations, son père lui décroche enfin un vrai boulot, au Touquet : pianiste dans un bar. On ne comprend rien à Serge Gainsbourg, à sa poésie, à son besoin de provocation, à sa fringale de revanche, à sa folie de publicité, à son obscénité, à sa pudeur, à sa dérision de tout et de lui-même, si l'on oublie qu'il fut aussi ce petit héros triste d'un roman à deux sous. Triste et laid. « Je ressemble à Mickey, j'ai de grandes oreille et une queue maousse » : cela, il le dira plus tard, quand la notoriété, l'argent et les succès, publics et intimes, l'auront mis à l'abri des coups de poignard [...]. « J'ai retourné ma veste quand je me suis aperçu qu'elle était doublée de vison »... C'est qu'apparemment il n'en bave plus, Gainsbourg : l'argent lui tombe du ciel, les femmes l'aiment enfin et l'époque colle à ses chansons. Heureux Gainsbourg, malin Gainsbourg, qui tourne, chante, écrit, compose et, surtout, a trouvé la femme de sa vie : jeune, anglaise, ravissante, passionnée, fille d'un officier de la Royal Navy qui, un jour de 1943, ramena Mitterrand en mission secrète de Douvres à Calais... Jane Birkin, qui ne va pas tarder à lui donner un enfant, Charlotte, et qui, en cadeau de noces, lui offre l'un des plus gros tubes de l'histoire : 6 millions et demi de « Je t'aime... moi non plus » ont été vendus à ce jour. [...] 1970. Dans la maîtrise des médias, Gainsbourg affiche maintenant une virtuosité de pilote de formule 1. Il slalome entre télés, radios, journaux, impose ses plans et ses caprices, se vautre dans l'opulence médiatique avec une telle voracité que la moindre déconvenue lui est un drame. Il boit trop - moins qu'il ne le dit mais trop -, fume plus qu'on ne peut imaginer, invente mille raisons de se rendre malheureux. En quelques années, il se retrouve avec une sorte de délectation masochiste dans la peau grise de l'artiste incompris. [...] Peu à peu, il devient une sorte de Léautaud milliardaire qui ne quitte pratiquement pas son petit palais de laque noire, bourré d' « objets d'art » et de sous-verre : l'original de « la Marseillaise » (celle de Rouget de Lisle) et... toutes les couvertures de magazines à lui consacrées. Dans un autre cadre, un exemplaire de « la Libre Parole » de Drumont, consacré à l'affaire Dreyfus. Manchette : « Le traître condamné. A bas les juifs ! ». Des photos de femmes aussi, les siennes, et celles qui font partie de son harem imaginaire. Fini les dérives nocturnes, les cuites à la liqueur de mandarine, les « plans glauques » et les « on va s'la faire belle, mon p'tit gars ». Ce juif aberrant qui a porté l'étoile jaune à 13 ans ne sort plus de son bunker neurasthénique qu'en service commandé : enregistrements, passages télé, hôpital. L'an dernier, on l'opère d'un cancer du foie. Les médecins lui mentent, il fait semblant de les croire. Entre les visites quotidiennes des trois femmes de sa vie, Bambou, la dernière, l'épouse modèle, qu'il a installée à quelques arrondissements de chez lui avec son petit Lulu, Charlotte, sa fille, et Jane, la mieux aimée, qui apporte chaque soir à 7 heures un Thermos de soupe de légumes, la vie reprend, organisée, réglée, verrouillée comme jamais. Le petit Serge est rentré à la maison. Il peut mourir tranquille P.B source: http://www.france-mail-forum.de
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commentaires

R
Pas terrible l'article
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